Journal de Bord d’Orthak, électron libre

Matricule : STAR-XFM9-RX35

Lieu : Système Stanton, Crusader, planète Hurston

Date : Dimanche 28 septembre 2949, 20H00 TU

La semaine passée, les instructeurs et les élèves de l’école de pilotage sont revenus de Daymar après avoir conduit des séances d’entraînement au vol en formation et au combat à pied. La petite troupe s’est ensuite dispersée sur Hurston et chacun partit vaquer à ses occupations.

Alors que Stanton s’apprête à se coucher sur Lorville, je reçois une alerte de Slayersword sur notre fréquence d’urgence. Elle a besoin d’un coup de main illico presto. Le message circule vite et chacun d’entre nous laisse immédiatement tomber ce qu’il est en train de faire. Pour moi ça tombe bien, je perds aux cartes. J’enfile mon armure et mets une mitrailleuse en bandoulière. Nous sommes une organisation et une école de pilotage, mais aussi un groupe de camarades dont la survie dépend de la solidarité de tous et de la loyauté de chacun. Tomido passe nous prendre en Valkyrie. J’aime bien voyager là-dedans, il y a de la place, on ne se marche pas dessus. Et on se sent en sécurité entre les parois d’acier blindé de cette grosse taupe volante.

Rapidement, nous atteignons la position de Slayer, dans l’une des zones les plus désertiques de la planète. Elle nous attend avec impatience, calfeutré dans son Caterpillar. Ne me demandez pas comment, elle avait embarqué dans ses soutes trois Cyclones et un rover Ursa « trouvés » dans un canyon. Et comme certaines régions de Hurston sont devenues fort mal famées, une bande de crasseux lui est tombée dessus pour le voler. Le vol, c’est seulement en formation. Sinon, c’est mal.

Comme souvent, ces mous du bulbe de l’Advocacy regardent ailleurs. Sans doute en train de faire la sieste ou de compter les étoiles à l’ombre d’un rocher. Pendant ce temps, Hurston est livrée aux crevards. Et dire que c’est pour engraisser des rigolos pareils qu’on paie des impôts.

La nuit est tombée comme un rideau de suie. Les pirates encerclent le Cat. Ils sont venus en motos Ranger, avec des armures légères rafistolées au scotch. Ça va être du gâteau. Certes il manque nos meilleurs tireurs : Keona et Méphi sont en mission de leur côté. Mais à nous sept, on n’est pas des manchots et les armoires du Valkyrie regorgent de bon matos : des P4 et des P8, de méchants Ravager Twin, quelques Demeco et même un railgun. Sans compter les Gatling du vaisseau, dont le ronflement de sulfateuse est la plus douce musique que mes oreilles connaissent.

Portes ouvertes, le Valkyrie piloté par Tomido débarque au-dessus de l’assemblée et met tout le monde d’accord. Nous arrosons à grandes rafales, sans économiser les munitions. Les balles fusent sur les carlingues rouillées de leurs motos et transpercent les chairs de ces brigands au rabais. Photon et Nipal snipent avec calme et précision. Vlad et Montecristo préfèrent jouer du fusil automatique. Je mets en joue l’un des pirates avec le railgun. Il éclate comme un vieux fruit pourri. Je sais, c’est pas du jeu. Mais j’ai envie d’aller me coucher tôt.

Kalamyti, la nouvelle, s’empare de la tourelle manuelle et tire sur les assaillants. Le recul l’empêche de maîtriser l’engin : elle vise à côté. Vlad pense qu’elle a un brillant avenir en tant qu’ingénieur. C’est bien possible. Mais si elle ne s’endurcit pas rapidement, son avenir va se résumer à un grand trou plein d’asticots, six pieds sous les sables de Hurston.

Une fois le terrain nettoyé, nous rejoignons Slayer à bord de sa concession volante. J’ignore ce qu’elle compte faire de cette cargaison ; ça la regarde. On la chicane un peu, on boit un petit verre rapide pour marquer le coup, puis Tomido ramène les troupes à Lorville pour la nuit. Moi, je préfère rester dormir ici, à la belle étoile, car j’aime cette terre aride et silencieuse. J’aime la solitude et la contemplation. J’aime cette torpeur. Un rictus au coin des lèvres, je jouis de ce sentiment... Le sentiment d’avoir aidé à débarrasser ce beau désert de quelques unes des racailles qui en salissent le nom.

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Orthak's Logbook, free electron

Registration Number: STAR-XFM9-RX35

Location: Stanton system, Crusader, Hurston planet

Date: Sunday September 28, 2949, 8:00 p.m. UT

Last week, flight school instructors and students returned from Daymar after conducting formation flight training and foot combat training. The small troop then dispersed on Hurston and everyone left to go about their business.

As Stanton prepares to sleep on Lorville, I receive an alert from Slayersword about our emergency frequency. She needs a helping hand straight away. The message travels quickly and each of us immediately drops what we are doing. For me it's good, I lose cards. I put on my armor and put a machine gun over my shoulder. We are an organization and a flight school, but also a group of comrades whose survival depends on the solidarity of all and the loyalty of each. Tomido picks us up in Valkyrie. I like to travel in there, there is room, we do not walk on it. And we feel safe between the armored steel walls of this big flying mole.

Quickly, we reach the position of Slayer, in one of the most desert areas of the planet. She is impatiently waiting for us, wrapped in her Caterpillar. Don't ask me how, she had three Cyclones and an Ursa rover "found" in a canyon in her bunkers. And as some areas of Hurston have become very ill-famed, a bunch of grime fell on him to rob him. The flight is only in formation. Otherwise, it’s wrong. As is often the case, these Advocacy Bulbs look elsewhere. Probably taking a nap or counting the stars in the shade of a rock. During this time, Hurston is delivered to the crackers. And to say that it is to fatten up such funny people that we pay taxes.

Night fell like a curtain of soot. The pirates surround the Cat. They came in Ranger motorcycles, with light armor patched up with tape. It's going to be cake. Certainly our best shooters are missing: Keona and Méphi are on mission on their side. But the seven of us are not penguins and the Valkyrie cupboards are full of good stuff: P4s and P8s, bad Ravager Twin, some Demeco and even a railgun. Not to mention the Gatlings of the ship, whose sulphate snoring is the sweetest music my ears know.

Doors open, the Valkyrie piloted by Tomido arrives above the assembly and makes everyone agree. We water in large bursts, without saving ammunition. Bullets are fired on the rusty cabins of their motorcycles and pierce the flesh of these robbers at a discount. Photon and Nipal snip with calm and precision. Vlad and Montecristo prefer to play the automatic rifle. I'm using one of the pirates with the railgun. It bursts like an old rotten fruit. I know, it's not a game. But I want to go to bed early.

Kalamyti, the new one, seizes the manual turret and shoots the attackers. The hindsight prevents it from mastering the craft: it aims at the side. Vlad thinks she has a bright future as an engineer. It's possible. But if it doesn't harden quickly, its future will be reduced to a big hole full of maggots, six feet under the sands of Hurston.

Once the land is cleared, we join Slayer aboard his flying concession. I do not know what she intends to do with this cargo; that concerns her. We baffle a little, we drink a quick drink to mark the occasion, then Tomido brings the troops to Lorville for the night. Me, I prefer to sleep here under the stars, because I love this arid and silent land. I like loneliness and contemplation. I like this torpor. A sneer at the corner of my lips, I enjoy this feeling ... The feeling of having helped rid this beautiful desert of some of the guys who dirty its name.